WANG Han & Michel-Alain LOUYS
WANG Han, née en 1977, dans une zone rurale de la province du Hebei, a été immergée depuis la fin de ses études supérieure dans le mode de vie urbain de plusieurs grosses métropoles chinoises marquées par des évolutions rapides. Elle est graphiste et photographe.
Passionnée de longue date pour l’art et la photographie, elle a eu la chance, voici plusieurs années de rencontrer l’artiste MO Yi et de nouer avec lui des relations privilégiées qui lui ont permis de perfectionner son approche photographique. La photographie est pour elle une façon de renouveler son attention et son regard sur des réalités parfois méconnues et de retrouver des repères auxquels elle est attachée. Son attrait pour la photographie est allé de pair avec la nécessité, la maturité venant, d’articuler de façon plus distincte un discours personnel sur sa vie, ses espérances, la société chinoise et ses évolutions et son intérêt pour la culture européenne. Ces dernières années, outre ses travaux personnels, elle a conduit plusieurs projets avec Michel-Alain Louÿs qui ont donné lieu à des expositions.
Michel-Alain Louÿs s’intéresse depuis plus de trente ans à la Chine et a commencé à apprendre le chinois. Ce pays où il vit depuis une douzaine d’années ne cesse de le surprendre. À Pékin et à Shanghai, deux villes où il a vécu, il a été témoin de la rapidité des transformations urbaines de ces villes-mondes. La Chine d’aujourd’hui ne ressemble plus guère à celle qu’il a connue lorsqu’il étudiait le chinois à l’université.
À un moment donné de son parcours, sans doute en réaction aux voix chinoises qui répètent à l’envi qu’un étranger ne pourra jamais comprendre ce pays, la photographie s’est imposée à lui un support privilégié pour trouver le recul nécessaire pour comprendre et aborder ces changements et ses contemporains.
À travers son écriture artistique et son cheminement photographique, son projet est d’essayer de retranscrire son expérience de la Chine dans sa diversité, ce qui le conduit nécessairement à s’interroger sur la façon dont il se positionne aujourd’hui par rapport à ce qu’il voit et tout ce qui le traverse. Souhaitant entretenir un dialogue privilégié avec la culture chinoise, il coopère régulièrement avec la photographe chinoise WANG Han avec qui il a eu plusieurs expositions ces dernières années. Dans leurs travaux communs, on retrouve un intérêt pour la différence et la répétition, les apparitions et les disparitions, comme si ces variations donnaient le moyen d’approfondir ce qui était initialement perçu.
Exposition
Exposition : Trois séries
Série « Lisa LISA »
Pour certains, la photographie est un moyen de conserver la trace de leur jeunesse. Pour Lisa, il s’agissait plutôt à travers la mise en scène d’une partie de cache-cache dévoilant son corps de chercher à nouer une relation personnelle et authentique à la beauté et à l’art. Dans un jeu fait d’apparitions et de disparitions, elle se découvre et, d’une certaine façon, se réinvente sous nos yeux comme si, finalement, elle souhaitait de la sorte nous pousser à croire ce que nous montrent ces photos relève davantage de la fiction que d’une réalité tangible.
Série « Interbeing »
Cette série est fortement marquée par les cultures respectives des deux photographes. Elle essaie, dans un format minimaliste, de capturer ce à quoi nos yeux font rarement attention : deux mains nues qui interagissent. À travers répétitions et variations, elle explore et expérimente ce que les mains nous disent dans un langage à la fois silencieux et sensible ; elle essaie d’inventer l’espace d’une rencontre entre une femme et un homme, l’une de culture Asiatique et l’autre de culture Occidentale et s’intéresse à la façon dont le dialogue peut s’établir entre ces deux cultures et ces deux êtres. Toutes les choses qui se différencient s’établissent dans un rapport de corrélation ou d’unité. Il en est ainsi de la relation entre l’Ouest et l’Est, entre la rationalité et le charme romantique, entre une femme et un homme, entre l’ego et l’autre, entre les différentes couleurs de peau : ces éléments viennent ensemble car aucun n’est pensable sans l’autre.
Ces photographies sont les signes de l’histoire d’une rencontre entre deux êtres. Elles abordent la distance et l’attraction entre un homme et une femme sous la forme d’un engagement où le salut et le statut de chaque personne dépendent étroitement de celui de l’autre. Chacun étant ainsi lié à l’autre, les frontières entre eux s’estompent pour laisser la place à un inter-être. Être ainsi à deux conduit au dessaisissement de soi et fait émerger avec force le désir d’une intention d’avenir.
Série « Inside-Outside » (dedans/dehors)
Entre Pékin et Tianjin, il y a une ville avec des centaines de luxueuses villas qui depuis près de dix ans demeurent inachevées faute d’acheteur. Cette série raconte des déambulations dans ces lieux énigmatiques faits d’apparitions et de disparitions. Elle restitue l’errance dans ces espaces surprenants. Du fait de la théâtralité de ces lieux déserts, les photographes deviennent une sorte de fantôme de passage qui collecte des traces mystérieuses, et , ce faisant, s’ouvre à une sensibilité à des formes, à des couleurs et à des matériaux inattendus pour finalement s’interroger sur la nature même de cette réalité traversée de façon éphémère.
Salle Molière